86 ans, 9 mois, 16
jours
lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu’au
bout l’enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

Un journal d’un
« corps » !!! … Voilà un sujet qui intéressera les
psychomotriciens ! Daniel Pennac
nous propose un journal dont le narrateur raconte son corps de ses
12 ans et jusqu’à ses 87 ans. Avec son style bien décalé, il nous transmet avec
humour l’intimité du corps qui évolue. Avec ses plaisirs sensoriels, la
fascination qu’il peut susciter, les moments de maladie où il nous échappe, la
détresse viscérale qu’il donne à faire sentir… Beaucoup d’anecdotes qui
retracent la vie du narrateur.
49 ans, 20 jours Lundi 30 octobre 1972
Nos maladies sont comme ces histoires drôles dont nous nous croyons les
seuls dépositaires alors que tout le monde les connait. Plus je parle d’acouphènes,
plus je croise des gens qui en sont atteints.

Le narrateur part d’une « scène
originelle », traumatisme de l’enfance qui l’a amené à tenir un journal. Non
pas un traditionnel journal intime mais un journal sur son « corps »,
comme s’il cherchait ainsi à se réapproprier ce corps qui a fait défaut, qui
s’est laissé envahir par la détresse. En cherchant dans un premier temps à s’en
exorciser, le journal commence par la phrase qui se répète :
« je
n’aurais plus peur,… ». Le narrateur revendique sa volonté de parler de ce
dont on ne parle pas, avec son impression de « corps abandonnés dans les
armoires à glace ». Il entend par son père le postulat : « Tout objet
est d’abord objet d’intérêt. » Il va alors plus loin et exprime :
« Donc mon corps est un objet d’intérêt ».
Le corps comme objet
d’intérêt !
Le corps comme « premier
objet de connaissance » nous dirait André Bullinger.
Journal d’un corps relate en effet le vécu d’un corps qui évolue,
se transforme en fonction des petites et grandes étapes de la vie, du monde qui
l’entoure et des interactions avec celui-ci. Des expériences extrêmes pour
tenter de sentir son corps lorsqu’il était enfant, des sentiments de ne plus se
reconnaitre à l’adolescence, l’intérêt autour de son sexe un peu plus tard et
le fait de « se prendre en main » appliqué à la lettre, les émois
amoureux de jeune adulte, jusqu’au désinvestissement de son corps avant de
mourir. Le livre raconte le corps
comme fil conducteur. On y verra un corps vivant avec un schéma corporel qui se
transforme, une image du corps qui évolue et se modèle…
13 ans, 4 mois, 8 jours
jeudi 18 février 1937
Mon corps est aussi le corps de Violette. L’odeur de Violette est comme
ma deuxième peau. Mon corps est aussi celui de papa, le corps de Dodo, le corps
de Manès… Notre corps est aussi le corps des autres.
En effet, ce journal se propose comme
une métaphore qui viendrait illustrer, d’une certaine façon, le travail des
psychomotriciens. « Si j’écris exactement
tout ce que je ressens, mon journal sera ambassadeur entre mon esprit et mon corps » propose le
narrateur. Ce journal, Daniel Pennac le
dédie d’abord aux femmes. Ça il aurait aimé qu’une femme écrive un journal sur
son corps. Afin « de lever un coin du mystère car un homme ignore ce
qu’une femme ressent ».
La pause estivale approche !
… Ce roman de Daniel Pennac pourrait tout à fait accompagner les valises des
psychomotricien(ne)s lecteur(trice)s en herbe. Il se lit facilement et traite
d’un sujet qui nous parle. Alors…n’hésitez plus !