Le bizarre incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon
Résumé du livre
Ce résumé ne spoil
pas l'histoire

Christopher Boone est un adolescent
particulier. Il est âgé de "15 ans, 3 mois et 2 jours", il connaît tous
les nombres premiers jusqu’à 7507. "Les nombres premiers sont ce qui reste
quand on a épuisé tous les modèles. Je trouve que les nombres premiers sont
comme la vie. Ils sont tout à fait logique, mais il est impossible d'en trouver
les règles, même si on consacre tout son temps à y réfléchir". Le jeune
garçon est particulièrement intelligent mais certaines choses lui échappent. Il
ne sait pas décoder la gestuelle et les mimiques des autres humains. Isolé,
Christopher consacre ses journées à son école spécialisée, sa maison et à ses
occupations ritualisées.
Son enquête va alors le pousser hors
de son délicat quotidien si mécanique et protocolisé. Son monde, avec ses
repères immuables, va en être bouleversé. Au-delà du mystère de l'assassinat de
Wellington, ses investigations vont le conduire à la découverte de son histoire
familiale. En chemin, il va révéler des ressources insoupçonnées pour faire
face à l'inconnu, aux imprévus et explorer un environnement loin de celui qu’il
s’est construit.
Un certain regard
psychomoteur sur ce roman:
Les sensations
Par ses
descriptions détaillées, Christopher nous plonge dans un univers où tous les
sens semblent être en éveil et distincts. Il perçoit un monde fragmenté et
terrifiant. Ainsi, il cherche des moyens pour ôter certaines sensations :
"J'aime bien quand il pleut à verse. On dirait qu'il y a du bruit blanc
partout: c'est comme le silence, mais ce n'est pas vide". Ce démantèlement
sensoriel est à son paroxysme lorsqu’il décide de prendre seul le métro
londonien. Dans le train, il narre les odeurs, les bruits inhabituels, tous les
panneaux qui semblent l’assaillir. « J’ai grogné pour empêcher le bruit d’entrer ».
Le lecteur
suit son raisonnement, le cours de ses pensées rationnelles, collées à la
réalité. Mais, ce fil associatif est troublant, éreintant souvent vertigineux.
« C’est très fatigant pour moi de me trouver dans un endroit nouveau,
parce que je ne peux pas m’empêcher de voir tout ». Souvent fascinant par
son intelligence, on découvre également comment Christopher est enfermé dans un
monde intrusif qu'il ne comprend pas.
Les manifestations anxiogènes
Phobies
Christopher
liste ses "problèmes comportementaux"comme "ne pas aimer qu'on
me touche" ou " ne pas aimer être dans des endroits vraiment petits
avec d'autres gens".
Il présente également des particularités alimentaires qui semblent s’apparenter à des phobies. Il ne supporte pas les aliments jaunes ou bruns et lorsqu’ils se touchent dans l’assiette.
Il présente également des particularités alimentaires qui semblent s’apparenter à des phobies. Il ne supporte pas les aliments jaunes ou bruns et lorsqu’ils se touchent dans l’assiette.
Face à ses
difficultés, il cherche à les contourner par des stratégies à appliquer
systématiquement. Il évoque ses conduites d’évitement, ou comment il attribue des
significations à des évènements aléatoires afin de créer une logique à
l’imprévu car le moindre changement est perçu comme une menace. Ses obsessions
semblent l’aider à tenir à distance ses angoisses.
Angoisses
Christopher
est en proie à des angoisses massives qui surviennent particulièrement dans des
lieux inconnus ou lorsqu’une situation échappe à sa logique absolue. "J'ai
passé tout l'aprem dans un coin de la bibliothèque à grogner, la tête enfoncée
dans l'angle des 2 murs. Comme ça, j'étais en sécurité et je me suis senti plus
calme." Par son cartésianisme à toutes épreuves, Christopher élabore un
sens aux évènements pour ne pas se laisser surprendre par les changements et
les imprévus anxiogènes. « J’ai dit que j’aime que les choses soient en
ordre. Et qu’être logique est une manière de mettre les choses en
ordre »... « M. Jeavons m’a demandé si ça me donnait une impression
de sécurité, … et j’ai dit que oui. »
Par la
structure du récit, le lecteur partage ses angoisses, son isolement et ses
mécanismes de défense qui sont certes efficaces mais extrêmement rigides.Les procédés
littéraires de la première personne, des phrases longues, les digressions avec
schémas donnent une voix distanciée face aux péripéties et participent au
sentiment d’isolement. Les digressions sur des problèmes mathématiques, des
allers-retours sur les liens avec les sciences, les souvenirs froids montrent
une réalité sans relief et dénuée d’affects.
Le narrateur évoque des
difficultés à habiter son corps. Il ne supporte pas le contact et créée avec
ses parents un code acceptable pour faire un câlin : se toucher les mains,
les doigts en éventails.
Christopher raconte ses
manifestations d’angoisse : "J'avais envie de vomir ... J'avais
le vertige. J'avais l'impression que la chambre se balançait d'un côté à
l'autre, ... et je me suis laissé tomber sur le lit et je me suis roulé en boule.
J'avais mal au ventre ...". Ces vécus apparaissent comme des angoisses de
chute où tous les repères sont bouleversés.Lors d’un passage où il
évoque des souvenirs de son enfance il explique "Et elle
a sauté en arrière. Elle a disparu sous l'eau et j'ai cru qu'un requin l'avait
dévorée. J'ai hurlé...". Ces angoisses de dévoration peuvent évoquer
également des difficultés de l’ordre de la permanence de l’objet.
Autisme Asperger
L’auteur nous
laisse parcourir le roman dans la tête d’un adolescent particulier sans préciser
le diagnostic de ses troubles. Christopher apparait certes surdoué mais
également bizarre et isolé. Il semble présenter les signes d’un adolescent
autiste de haut niveau également nommé « syndrome
d’Asperger ».
Le syndrome
d’Asperger est une « variété
d’autisme infantile associée à des performances exceptionnelles dans certains
domaines tels que la mémoire » (Dictionnaire des termes de médecine,
2002). Il est généralement reconnu comme faisant partie des troubles
envahissant du développement (TED) qui affectent la personne dans trois
domaines principaux. La triade autistique regroupe les troubles de la
communication orale et/ou non verbale, les troubles des interactions sociales
et les centres d’intérêts restreints.
La CIM 10,
liste de classifications médicales publiée par l’OMS, le désigne comme un « syndrome de validité nosologique
incertaine, caractérisé par une altération qualitative des interactions
sociales réciproques, semblables à celle observée dans l’autisme, associée à un
répertoire d’intérêts et d’activités restreints, stéréotypés et répétitifs. Il
se différencie de l’autisme essentiellement par le fait qu’il ne s’accompagne
pas d’un retard ou d’une déficience du langage ou du développement
cognitif ».
Le DSM IV,
de l’ l’Association Américaine de Psychiatrie (APA), définie ce syndrome par :
- L’altération qualitative des
interactions sociales (comme les difficultés pour utiliser les codes sociaux de
la communication non verbale : contact visuel, mimique faciale, les
postures et gestes, incapacité à établir des relations avec ses pairs, à
partager spontanément ses plaisirs, ses intérêts ou ses réussites avec un
manque de réciprocité sociale ou émotionnelle). Dans le roman, Christopher se
montre isolé par rapport à ses pairs et évoque leurs comportements incongru à
son égard. "Quand j'étais petit, je ne comprenais pas que les autres avaient
un cerveau." La palette émotive du garçon est très
réduite. Seule la colère se manifeste par des grognements.
- Caractère restreint, répétitif et stéréotypé des comportements, des intérêts et des activités ( comme des centres d'intérêt restreints, rituels immuables, ...). Christopher s'intéresse surtout aux modèles mathématiques et physiques. Les chapitres de son roman policier son numérotés par des nombres premiers.
- La perturbation entraîne une altération cliniquement significative du fonctionnement social, professionnel, ou dans d'autres domaines importants. Les tentatives de l’adolescent pour organiser, protocoliser ses conduites et éviter tout évènement inattendu, mettent à distance les autres.
- Il n'existe pas de retard général du langage significatif sur le plan clinique. Christopher utilise le langage uniquement pour son utilité descriptive, rationnelle. Il ne comprend pas les expressions métaphoriques qui sonnent pour lui comme des mensonges.
- Au cours de l'enfance, il n'y a pas eu de retard significatif sur le plan clinique dans le développement cognitif ni dans le développement, en fonction de l'âge, des capacités d'autonomie, du comportement adaptatif (sauf dans le domaine de l'interaction sociale) et de la curiosité pour l'environnement. Christopher est un adolescent particulièrement intelligent : "être intelligent, c'est regarder comment les choses se passent et s'en servir pour découvrir quelque chose de nouveau" (p 51). Il excelle en physique et va passer l’équivalent du Bac en Mathématiques. Ainsi, pour tenter de comprendre ce qui est arrivé à Wellington, Christopher enquête, élabore des schémas, des diagrammes, des formules mathématiques. Son raisonnement hypothético-déductif suit une logique rationnelle sans faille.
- Le trouble ne répond pas aux critères d'un autre trouble envahissant du développement spécifique, ni à ceux d'une schizophrénie.
Il semblerait que le « syndrome d’Asperger »
ne figure plus dans la nouvelle classification DSM V de Mai 2013, suscitant de
nombreuses critiques.
Vous pouvez trouver le roman sur:
Un petit quizz sur le roman (après l'avoir lu bien sur!!)
Alors qu'en avez-vous pensé?
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